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journal d'un curé de campagne à la campagne
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21 septembre 2014

21 septembre, le patrimoine et le CO2

Après que je lui ai décrit mon premier week-end en paroisse, une séminariste avisé me fait remarquer que même Dieu est Vigneron ... il a raison ! Voici une citation de Jésus : "Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron (Jean 15,1)" ; la Trinité est une famille de vignerons ! Cette révélation fera bien plaisir à mes nouveaux paroissiens lorsque je trouverai l'occasion de le leur dire ...

"Ma paroisse est une paroisse comme les autres" a dit Bernanos (Journal d'un Curé de Campagne), mais connaissait-il la paroisse des Dentelles ??? Elle n'est pas exactement comme les autres, ou alors peut-être comme certaines du bordelais ou du Beaujolais, allez savoir ... la paroisse est un ensemble de 7 clochers au bord d'une chaîne de montagnes appelées "Dentelles", car leur escarpement fait effectivement penser au tissu en question ; mais le meilleur n'est pas là ...

En fait, cette paroisse est une immense cuve à vins : Vacqueyras, Gigondas, Beaumes de Venise ... sont autant de grands crus qui sont l'activité principale des paroissiens ; à titre d'exemple, la paroisse où je viens de célébrer la messe ce matin compte un peu moins de 500 habitants, et pas moins de 60 exploitations viticoles ! Bien entendu, lorsque j'ai quitté les lieux dans l'après-midi, je suis reparti avec une caisse de vin (Gigondas) en signe de bienvenue !

Deux personnes, autrefois dans ce village, ne faisaient pas "que du vin" : le facteur et le curé ... qui faisaient aussi du vin !!!

Inutile de prendre l'apéro quand on va déjeuner là-bas au mois de septembre : une forte odeur de fermentation (éthanol et dioxyde de carbone) se dégage de toutes les exploitations qui occupent tout le territoire et en particulier des routes, évidemment, puisque les cuves donnent sur la rue ... résultat, on boit largement ce qu'il faut par inhalation et on passe directement à l'entrée, ce d'autant plus que ce vin "titre à 13,5 ou 14 degrés (expression technique)", ce qui en fait une sorte de porto en à peine plus doux ; on apprend vite à très peu boire, surtout au déjeuner, sous peine d'irrépressible sieste ...

Si un viticulteur tombe sur ces lignes, qu'il me pardonne d'être facilement influençable en matière de vin ; il n'empêche que ce que m'a dit un vigneron à midi rejoint parfaitement un diagnostic assez simple à établir sur le monde d'aujourd'hui ; en effet, la phobie actuelle des pesticides (qui fait que les rues d'Angers commencent à être vraiment sales) poussent certains exploitants à n'en utiliser aucun et à développer des solutions soi-disant plus proches de la nature, mais le résultat est que le vigneron perd la moitié de sa récolte ; "ça ne marche pas, en fait -me disait-il- ... ce qui marche, c'est par exemple le sulfate de cuivre, utilisé depuis la nuit des temps pour protéger les vignes des attaques (pour le coup naturelles !)" ; de mon point de vue, cet écologisme idéologique qui consiste à diviniser la nature tend à faire de l'homme le seul nuisible de la création, car lorsque Dieu n'est plus considéré comme tel et que l'homme n'est donc plus considéré comme créé à son image, il faut bien s'inventer un dieu -la nature- et lui inventer des ennemis, et l'homme joue ce rôle, puisqu'il fait figure d'exception parmi les animaux, lui qui  peut modifier le cours des choses, ainsi que Dieu le lui a permis ("possédez la terre et soumettez-la"). 

Dans un prochain "post", des photos de Gigondas et Avignon ... car j'ai fait un tour à Avignon ...

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