J’ai lu pour vous "l’Eglise et l’éducation" de Jean de Viguerie

Faut-il inscrire ses enfants dans une école "hors-contrat" ?

Bien sûr, chacun répondra comme il le veut à cette question. Cependant, on ne peut se dispenser de chercher un peu plus loin que les réputations d’intégrisme ou la peur de ne pas plonger les enfants « dans la réalité d’aujourd’hui ». Trop souvent, en tous les cas, cette question est « réglée » le temps d’un apéritif, vous ne trouvez pas ?

Pour accompagner les parents dans une réflexion de fond sur la scolarisation de leurs enfants, ce livre arrive à point nommé (à vrai dire, cela fait un bon moment qu’il est arrivé ! C’est une réédition, de 2010, que je présente aujourd’hui) : en retraçant à la fois brièvement et précisément l’histoire de l’Education en Europe surtout, Jean de Viguerie nous donne les moyens de mesurer la véritable révolution que l’éducation catholique a connu ces cinquante dernières années ; les principes d’une « nouvelle pédagogie » se sont largement imposés à elle, sans que l’on ait véritablement cherché à vérifier ses sources, qui sont bien souvent athées et ouvertement anti-catholiques.

Après quatorze siècles d’une relative continuité avec à chaque époque une inventivité très féconde, l’école catholique a fini par subir l’influence de son temps, ce qui est donc l’inverse des époques précédentes, puisqu’auparavant l’Eglise et ses écoles étaient non seulement une force de proposition inégalée, mais une influence décisive sur le monde de l’éducation.

Cependant, quoi que sans le dire formellement, l’auteur nous fait comprendre que les années 1960 sont en réalité un « fruit », dont la graine fut semée dès la fin du XVIIème siècle, et dont l’arbre n’avait pas vraiment réussi à « percer » avant cette période très récente. On est donc en droit de se demander quelles graines sont en train de germer aujourd’hui dans l’Eglise, qui porteront leur fruit en temps voulu.

On trouvera mention dans ce livre du rééquilibrage opéré dans les années 2000 par les autorités ecclésiastiques, et qui correspond en fait aussi à celui qu’opèrent régulièrement, à un rythme institutionnel (…), les directions diocésaines : il s’agit de corriger certaines déviances du temps.

Par ailleurs, on trouvera aussi –dans un autre genre- un encouragement appuyé et même militant à un modèle d’école purement et simplement traditionnel (le hors-contrat, comme on dit à l’apéro), et ceci permet de saisir de quelle façon les catholiques peuvent « rebondir », en matière d’école ou en d’autres matières, malgré les assauts lancés contre la foi ; cependant, on cherche encore de quelle manière aujourd’hui un maître –appelons-le ainsi- peut tenir compte à la fois des principes traditionnels de l’école tels qu’ils sont ici bien définis (place de Dieu et place du maître, recherche de la vertu, respect de l’intelligence innée des enfants, nécessité de l’apprentissage …)  et de la culture que les enfants boivent avec leur petit-déjeuner le matin, en écoutant France-intox dans la voiture de leur père ou si par malheur la télévision est déjà allumée …

Mention spéciale pour les catéchistes ou pour les prêtres : ce panorama historique montre de façon très stimulante comment se sont mises en place mille procédés au service d’une pédagogie de la foi, auxquels nous nous sommes aujourd’hui habitués, ou qui pour certains ont disparu …pourquoi ne pas nous inspirer de ce foisonnement pour trouver des manières nouvelles (sans dire qu’elles sont anciennes, malheureux !!!) de servir Dieu, son Eglise et les têtes blondes d’aujourd’hui ?