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journal d'un curé de campagne à la campagne
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13 janvier 2015

J'ai lu pour vous ... Bioéthique, l'homme contre l'Homme ? de jean-Frédéric Poisson

J’ai lu pour vous … Bioéthique, l’homme contre l’Homme ? de Jean-Frédéric Poisson

 

Commençons par l’auteur ! C’est toujours instructif … De formation philosophe, de condition politique, d’esprit catholique : cet ancien de l’IPC est aujourd’hui député dans les Yvelines et ne met pas sa foi dans sa poche ; le résultat de ces « composantes » est un livre à la foi délicat pour les personnes (les problèmes bioéthiques touchent toujours des domaines sensibles et parfois douloureux), rigoureux dans sa recherche de la vérité, très au fait des traductions politiques de la réflexion morale et enfin suffisamment décomplexé sur le plan religieux pour prendre une hauteur très salutaire en la matière.

Les professionnels de la santé trouveront dans ce livre non seulement quelques cadres intellectuels propices à l’exercice juste de leur profession, mais aussi trois variantes du serment d’Hippocrate, éclairantes chacune dans son genre : le code de Nuremberg pour comprendre la mentalité moderne en matière de médecine, mais aussi deux textes juifs anciens dont la dimension religieuse permet de réconcilier sans complexe la foi et la raison.

A contrario, on trouvera aussi une évocation très instructive de Claude Bernard (XIXème siècle), auteur d’une véritable révolution intellectuelle qui influence encore aujourd’hui l’exercice de la médecine et la science médicale : le médecin n’est plus un bon connaisseur de la nature et de son patient pour que leur réconciliation permette par l’une la guérison de l’autre, mais un maître de la nature qui repousse d’un côté les limites de celle-ci et de l’autre côté un maître du patient car il devient l’interface entre nature et patient, c’est lui qui guérit …

Au fond, cette « ubris », cette démesure du médecin « bernardien » (l’expression n’est pas de l’auteur !) fait partie d’une ambiance plus générale de toute-puissance qui caractérise la mentalité dominante du monde scientifique : un homme qui a tellement progressé techniquement depuis quelques siècles se prend à vouloir recréer l’homme à son image, mais sans aucune des imperfections de l’homme d’avant (décidemment très mal créé par Dieu !). Il s’ensuit l’oubli de la dignité qui subsiste même lorsque l’imperfection est là, la déconnexion entre la bonté de l’intention et la réalité de l’action, et en fait plus globalement une fascination de l’homme pour ses propres capacités, au détriment de l’homme réel dont il faut prendre soin.

Pas de surprise : en matière d’Euthanasie, on reçoit la confirmation que les demandes d’être tués ne viennent principalement pas des patients, aux dires des spécialistes qui les accompagnent effectivement* : la justification de ces pratiques viennent des raisonnements philosophiques, spirituels (new age) ou simplement économiques qui conduisent à cette folie.

Si vous êtes joueurs, vous pourrez vous lancer dans une étude du vocabulaire –ce que l’auteur ne fait pas formellement, du moins pas dans cet ouvrage-, à savoir que beaucoup de conceptions erronées ou dangereuses en la matière sont véhiculées par des glissements de mots : à titre d’exemple, « euthanasie passive ou active », « suicide assisté », « procréation médicalement assistée », « gestation pour autrui », « interruption volontaire de grossesse » … autant d’expressions jargonantes qui font en fait –c’est le cas de le dire- passer la pilule de la culture de mort.

Si vous êtes un peu théologiens, vous vous amuserez à noter la façon de raisonner de l’auteur, qui fait fortement penser à Saint Thomas d’Aquin, présentant le cadre du sujet, puis les objections qui semblent aller dans le sens de l’erreur dénoncée, et enfin une analyse très rigoureuse de tous les aspects vrais et faux des doctrines ou pensées présentées. Il n’est jamais inutile de revenir à Saint Thomas !

* je vous signale l’excellent ouvrage du Professeur Israël (l’euthanasie en question) qui fait le même constat dans son expérience professionnelle, et qui n’est pas cité par l’auteur

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Commentaires
P
Vos lectures et vos propositions de lectures ne provoquent guère de commentaires. Je vous invite à lire un délicieux livre que je prends plaisir à relire avec plaisir en ces temps troubles et troublés. Il s'agit de "La Fabrique d'Absolu" de Karel Capeck.<br /> <br /> <br /> <br /> Potlatch photographe dilettante.
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